Tout savoir sur l’entorse du cheval

Les nombreuses sollicitations osseuses et musculaires de nos montures peuvent engendrer des troubles locomoteurs fréquents. Parmi eux, l’entorse du cheval, plutôt bénigne certes, doit être considérée comme un vrai souci médical. Souci qu’il faudra tenter de diagnostiquer le plus tôt possible afin de pouvoir le soigner.
En tant que cavalier et/ou propriétaire de cheval… Savez-vous reconnaître les signes d’une entorse. Et connaissez-vous les soins à donner pour la soulager ? Poursuivez votre lecture !
Qu’est-ce que l’entorse du cheval ?
D’origine traumatique ou accidentelle, une entorse fait suite, la plupart du temps, à une chute ou un choc. Le cheval peut par exemple avoir trébuché, s’être cogné la jambe sur une barre de CSO ou avoir rué contre la porte du box. Une grande fatigue liée à une surcharge de travail peut aussi entraîner une entorse.
Un ou plusieurs ligament(s) sont alors abîmés, ce qui entraîne une forte douleur. Les muscles, les tendons ou les articulations adjacents peuvent eux aussi être touchés.

Il ne s’agit pas d’un problème à la légère car si l’entorse n’est pas traitée rapidement, elle peut impacter la carrière sportive de votre monture. C’est pour cela qu’en cas de doute, il vous faudra rapidement aller voir le vétérinaire. De plus, l’entorse peut toucher tout type d’équidé :
- Poulain.
- Cheval de sport.
- Crack des courses hippiques.
- Monture de poney-club.
Le cheval pourra être concerné, qu’il vive en box ou en prairie. L’entorse atteint généralement le boulet et le jarret de l’animal, mais parfois aussi la phalange du pied.
L’entorse du boulet du cheval
On peut dire que l’entorse du boulet est la plus fréquente.
Il faut savoir que l’articulation du cheval est composée de deux os, couverts d’une couche de cartilage et baignés dans du liquide synovial. Les ligaments sont des structures fibreuses qui relient les os entre eux et permettent d’améliorer la souplesse de l’articulation. Et donc la motricité du cheval. Lors d’une entorse, le ligament a subi une extension, une flexion ou une rotation beaucoup trop forte pour ses capacités.

Cela entraîne une lésion qui peut être légère (le ligament a été distendu) ou grave (le ligament a été déchiré). L’entorse peut s’accompagner de nombreuses autres affections. Déchirure musculaire, tendinite, arrachement osseux notamment.
L’entorse du jarret du cheval
Les articulations des boulets ne sont pas les seules à être atteintes. L’entorse du jarret est plus rare, mais peut survenir. En effet, le jarret du cheval subit beaucoup d’impacts lors des déplacements sur le sol et des sauts par exemple.
Les chevaux de compétition, habitués à des efforts intenses, peuvent souffrir d’un traumatisme après une saison de concours très chargée. De plus, selon leur morphologie, certains équidés sont plus sujets que d’autres aux entorses. Une légère déformation du membre peut entraîner des risques de chutes et de chocs bien plus fréquents.
Comment savoir si mon cheval a une entorse ?
Vous soupçonnez une blessure ? Effectivement, certains signes ne trompent pas… Dans le doute, mieux vaut toujours appeler votre vétérinaire pour lui demander un diagnostic de professionnel.
Certains chevaux ne manifestent pas de signes de douleur et peuvent rester pendant plusieurs semaines avec une entorse sans que leur cavalier ne s’en rende compte. Soyez donc toujours bien attentif au comportement et à la manière de se mouvoir de votre compagnon, que ce soit lors du pansage ou en reprise.
Un cheval allongé dans son box
Entorse du boulet du cheval : les symptômes
Votre cheval semble souffrir lorsqu’il se déplace. Il a déclenché une boiterie depuis quelques jours et évite de poser son membre sur le sol au repos. Pour vérifier votre soupçon, demandez à quelqu’un de le tenir en longe et de le faire marcher et trotter, en ligne droite puis en rond.
Vous pourrez voir s’il présente vraiment une claudication. Attention : l’intensité de la boiterie n’est pas toujours équivalente à la sévérité de la blessure. Ne sous-estimez donc pas la gravité de l’entorse sous prétexte que votre cheval ne boite pas beaucoup.
Un bon examen à faire sera celui du test de flexion. Essayez doucement de plier le membre de votre cheval et observez sa réaction. Ne soyez pas brutal et évitez à tout prix de faire du mal à votre monture.
Si vous avez l’impression que ses réactions sont beaucoup plus vives qu’à l’accoutumée, n’insistez pas et laissez le vétérinaire s’en occuper. Dans tous les cas, il procédera à un examen médical complet de votre cheval avec palpations, tests de flexion et d’extension, marcher en main… Cela lui permettra de se rendre compte s’il y a une inflammation douloureuse au niveau de l’articulation.
“Un petit trot est une cure contre nos démons”
Benjamin Disraeli
Quel protocole pour diagnostiquer l’entorse du cheval ?
De nombreuses méthodes peuvent être utilisées pour affiner le diagnostic du vétérinaire. Les différentes techniques d’imageries médicales ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients.
- L’échographie
L’une des meilleures méthodes pour repérer une entorse. Grâce à des ultrasons, l’échographie fournit une image précise de l’intérieur du membre du cheval. On peut ainsi observer s’il y a lésion des ligaments.
- L’IRM
L’IRM (imagerie à résonance médicale) est peut-être encore plus indiquée pour diagnostiquer une entorse. En effet, contrairement à une échographie, elle parvient à traverser l’os pour que le praticien puisse visualiser les ligaments internes.
- Le scanner
Le scanner est aussi très efficace, mais nécessite une intervention beaucoup plus lourde. Le cheval doit être anesthésié complètement et allongé pendant l’examen. On procède à un scanner surtout en cas de suspicion d’entorse grave, pour observer attentivement toutes les lésions du membre.
- La radiographie
La radiographie est indiquée pour repérer les lésions des os. Dans le cas d’une entorse, elle est utile afin de diagnostiquer d’éventuelles atteintes de l’os à l’endroit où les ligaments sont attachés.
- La scintigraphie
Tout comme le scanner, la scintigraphie (aussi appelé bone scan) n’est pas privilégiée de prime abord car c’est une technique d’imagerie médicale assez lourde. Comme on injecte un produit radioactif dans le corps du cheval, il doit être surveillé et placé dans des conditions sécuritaires après l’examen. La scintigraphie est recommandée lorsque l’on suspecte une entorse mais que l’on n’arrive pas à la repérer grâce aux autres méthodes d’imagerie médicale.
C’est notamment le cas lors d’une entorse chronique, dont le cheval souffre depuis des mois sans que l’on s’en soit rendu compte.
Entorse cheval : le traitement à suivre
Une fois que le diagnostic est posé, il faut entamer un traitement thérapeutique de l’entorse.
L’immobilisation
Le plus important est de réduire l’activité du cheval jusqu’à ce qu’il soit guéri. En effet, s’il se déplace sur son membre blessé, il risque d’augmenter la gravité de l’entorse. Repos complet au box donc, comme pour une maladie !
Évitez de laisser votre monture au pré, même au printemps ou en été, pour ne pas qu’elle soit tentée de marcher. Vous pourrez adapter sa nourriture en réduisant un peu ses apports caloriques, surtout si elle faisait de la compétition avant. Contrairement aux idées reçues, pas besoin de le complémenter en calcium.

Veillez toutefois à lui donner toujours beaucoup d’eau pour accélérer le processus de guérison.
Les anti-inflammatoires
Votre vétérinaire prescrira généralement un traitement anti-inflammatoire général ou localisé. Parfois, des infiltrations de produits peuvent aussi être nécessaires pour résorber l’œdème qui s’est créé.
La physiothérapie
L’ostéopathie, l’hydrothérapie, l’électrostimulation, la kinésithérapie… Peuvent donner de très bons résultats, surtout utilisés en synergie.
L’application de cataplasmes
L’aromathérapie possède également des vertus très intéressantes. L’idéal est d’appliquer un cataplasme d’argile sur le membre atteint. Appliquez-le à rebrousse-poil pour qu’il pénètre bien dans les tissus et laissez poser toute une nuit avant de rincer.
Entre deux poses d’argile, vous pourrez apposer des huiles essentielles pour calmer l’inflammation. Gaulthérie couchée, menthe poivrée et hélichryse italienne sont toutes indiquées. Le saule et l’harpagophytum sont aussi des anti-inflammatoires naturels très intéressants.
Diluez les huiles essentielles dans un peu d’huile d’amande douce ou de macadamia pour que cela soit plus facile à appliquer.
La chirurgie
Parfois, il sera nécessaire de recourir à la chirurgie lorsque l’entorse est grave. C’est le cas quand elle est associée à une fracture ou une lésion du cartilage. Après l’opération, votre vétérinaire pourra travailler en collaboration avec le maréchal-ferrant pour poser une ferrure orthopédique.
Mon cheval va-t-il complètement guérir ?
De nombreux cavaliers de compétition et propriétaires de chevaux sport redoutent la survenue d’une entorse. En effet, elle est synonyme d’une immobilisation forcée du cheval et d’une baisse des performances sportives. Les cavaliers de loisir ont également cette crainte.
Pourtant, lorsque le cheval est bien soigné, le pronostic peut être très encourageant et ne pas laisser de séquelles.
Le pronostic de guérison dépendra de nombreux facteurs. La gravité de l’entorse, la rapidité du diagnostic, la qualité du traitement… Le cheval ne doit pas reprendre trop tôt le travail monté au risque de ne pas guérir complètement. Votre vétérinaire doit vous donner un protocole de rééducation progressive, en vous indiquant les mouvements et les allures autorisés.
Commencez par du travail en main et en longe avant le travail en selle. Soyez à l’écoute des sensations de votre cheval, qui ne doit plus ressentir de douleur. La balnéothérapie peut donner des résultats très intéressants en réduisant les pressions exercées sur le membre.
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